On le sait, chaque fois qu’un humoriste dérape lors d’un
sketch, revient cette fameuse question : Peut-on rire de tout ?
Mais plus le temps avance, et plus l’impression d’une certaine censure, ou plutôt d’une certaine retenue se fait sentir chez les comiques. Voici ce que certains d’entre eux pensent de la situation :
ANNE ROUMANOFF : « Il y a des sujets plus touchy que d’autres, mais ça ne veut pas dire qu’il faille les éviter pour autant. Je fais ce métier depuis 25 ans. L’humour bouge avec la société, c’est un miroir qui lui est tendu. Aujourd’hui, le politiquement correct fait des ravages, on ne peut pas dire telle ou telle chose pour ne pas blesser telle ou telle catégorie de gens. Tout ce qui touche aux communautés religieuses est un peu délicat, par contre le sexe, plus rien ne choque. »
CABU (directeur artistique de Charlie Hebdo) : « Certains interdits ont disparu. Avant Sarkozy, on parlait très peu de la vie privée des politiques, mais il l’a tellement mise en scène qu’on se l’interdit moins. Et avec DSK, on en a bien profité. La religion a toujours été un grand tabou. Mais il est faux d’affirmer que l’on ne peut plus rien dire. Certains journalistes s’autocensurent car ils redoutent ce qui nous est arrivé : 2 cocktails Molotov dans une rédaction. »
NICOLAS BEDOS : « Aujourd’hui, lorsque l’on contourne la censure, les conséquences sont plus grave qu’avant. La prétendue « défense des libertés » et le prétendu « respect » se sont professionnalisés, au détriment de la liberté humoristique et artistique en général. Chaque minorité possède une ou plusieurs associations de défense. Du coup, les procès, réels ou médiatiques, sont plus fréquents. Autrefois, quand un « provocateur » flirtait avec la ligne jaune à la télé le samedi soir, il était rare qu’on en parle encore le dimanche soir. Aujourd’hui, des sites font leur miel, et leur beurre, de ces pseudo-dérapages. »
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