Des romans à l’eau de rose, Didier en rewrite depuis bientôt 8 ans pour une célèbre collection, qu’il appelle « H ». C’est-à-dire qu’il reçoit une version anglaise, qu’il traduit en Français. Son rythme : 3 par mois, deux petits (150 pages) et 1 gros (300-350 pages). En 8 ans, il a rewrité 60 000 pages !
Il livre ses secrets :
L’ennemi du rewriter c’est l’adverbe : Les traductions en sont truffées : « cependant », « toutefois », « néanmoins », « alors ». Et surtout des « mais ». Le rewriter les traque sans perdre trop de page. Un « mais souvent » fait une ligne de plus. Mais il y a pire encore : les, « comment dire ? » Les « -t-il » et les « -t-elle ». Les « Pardon ? demanda-t-il » et les « Pardon, s’excusa-t-elle ».
Les éditions H prennent soin de briefer leurs auteurs : récapitulez toutes les 15 lignes le nom des personnages, leur statut, leurs désirs, la couleur de leurs yeux.
Pour exprimer leurs émotions, les héros disposent de 2 atouts précieux : leurs yeux et leurs cœurs.
Leurs yeux ne sont pas comme ceux du commun des mortels. Ils savent être indéchiffrables, parcourus, traversés, hantés par une infinité de « lueurs ». Ils sont aussi plein de désir, d’étonnement, de colère… à chaque affect sa lueur.
Leurs cœurs s’affolent, bondissent, battent la chamade.
Les auteurs ne se relisent pas c’est certain. Ce qui nous laisse quelques perles, garanties authentiques :
- « La chaleur et l’humidité la poursuivaient partout sur l’île, même dans l’eau »
- « Elle se sentit fondre entre ses bras comme une mousse au chocolat abandonnée au soleil »
- - « Au secours, hurla-t-elle à voix basse dans le silence seulement troublé par le tic-tac du réveil digital. »
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