« L’ECOLOGIE EN BAS DE CHEZ MOI », DE IEGOR GRAN
Tout commence par un texte déposé par sa concierge en bas de son immeuble, rappelant à chacun des locataires la diffusion le soir même du film Home de Yann Arthus Bertrand. Il n’en fallait pas plus pour énerver Iegor Gran qui publie un texte « Rebond » dans Libération en Juin 2009. Il y développe son allergie au greenwashing, le tout-vert avec une caricature du papa écolo traumatisant son fils qui vient d’arracher une feuille de laurier : « Tu lui as fait mal. Si moi je t’arrachais un bout, tu dirais quoi ? ».
Il ne s’arrête pas là et attaque l’écriture de « L’écologie en bas de chez moi » sorti chez POL, dans lequel il s’acharne contre l’écologie. Il dénonce en vrac les « mollahs du tri sélectif » (ses voisins), la « croisade » verte et autre « processus d’évangélisation ». Il s’amuse de « ces bobos mielleux d’une nouvelle religion. Ces histoires de poubelles, de tri sélectif, comme un geste liturgique ».
Il s’attaque aussi (et surtout) à Yann Arthus-Bertrand (« qui a été pendant 10 ans photo-reporter du paris-Dakar »). Il écrit de lui « Quand il entend le mot culture, Yann sort son hélicoptère ». Il le surnomme d’ailleurs « Yann-Dieu, l’hélicologiste ». Il ne ménage pas non plus Nicolas Hulot « aux accents christique » ni les « marchands du temple », ces enseignes qui surfent sur la vague : J’agis responsable avec Carrefour !
Toutes les initiatives vertes l’énervent : « Les pets et les rôts de bétail constituent une source préoccupante de gaz à effet de serre, tant et si bien que Paul McCartney, toujours à la pointe du sympa pédagogique, tendance camp de rééducation, a lancé le Meat Free Monday, afin de réduire notre consommation de viande. »
Il y raconte aussi comment se fâcher avec ses pires amis : « L’attaque survient alors que nous fêtons les 45 ans de Vincent. Pour le cadeau, j’avais pensé au tee-shirt Home, chez Gucci, à 110 euros, mais Elisabeth –sa femme- a mis son veto. Alors j’ai suggéré un chargeur solaire pour ordinateurs portables, Solargorilla, à 179 euros. L’aspect écolo de l’appareil est accessoire, l’intérêt principal étant de pouvoir charger son iPhone tout en faisant une randonnée – attention, il faut un minimum de soleil. Un cadeau cool, offert par un mec cool à un autre mec cool de Levallois-Perret pour ses 40 balais. »
Dans la foulée, Gran s’en prend aux « ampoules fluo-compactes » : « Avec sa silhouette de tube digestif, sa lumière pisseuse flamboyante, comme chargée d’antibiotiques, l’ampoule fluo-compacte est l’objet du quotidien le plus anti-esthétique que je connaisse, symbolisant tout le mal que l’humanité est capable de s’infliger avec de bonnes intentions. »
En plus, elles contiennent du mercure, « ce mercure que l’on interdit depuis une 10aine d’années dans les thermomètres, cherchez l’erreur !»
Bref, ce livre est une cure de déculpabilisation administrée avec une bonne dose de provocation.
« L’ECOLOGIE EN BAS DE CHEZ MOI », D’IEGOR GRAN sorti chez P.O.L / 15,50€