Ils ont donc juré de faire la peau des textes les plus incongrus. Et le problème, à en croire les experts, est bien français. A chaque accident un peu médiatisé, un projet de loi ; à chaque fait divers larmoyant, un politique qui tape du poing sur la toile et décrète LA solution. « Souvent, on légifère dans l’émotion, sans évaluer les conséquences » regrette Eric Doligé, sénateur.
La loi dite Handicap est symptomatique. Promulguée en 2005, elle décrète de nombreuses mesures pour faciliter la vie des handicapés. Très louable intention, évidemment, mais qui se transforme souvent en casse-tête. La loi impose par exemple que les trottoirs soient larges d’au moins 1m40. Mais comment faire à la campagne, dans les bourgs qui n’ont pour trottoir que des bouts de béton de 30 cm ?
Dans ce cas comme souvent, l’administration a édicté des moyens à mettre en œuvre : élargir les trottoirs, plutôt qu’un but à atteindre : la sécurité des handicapés.
L’Etat aime mettre son nez partout. « La France est dans la croyance que les plus petits détails de notre vie doivent être réagis par la loi. » Réglementer, encadrer, définir, tout cela rassure. Et chez nous, l’administration opte toujours pour le degré le plus contraignant.
QUELQUES EXEMPLES QUI PARLENT D’EUX MÊME :
Pour les cantines : Ils se sont mis à 10 ministres de Sarkozy pour pondre ce délicieux arrêté. Son objet : la « qualité nutritionnelle des repas » servis à la cantine. L’intention est bonne puisqu’il s’agit de limiter les apports en graisse, en sel ou en sucre. Mais le problème c’est que quelques esprits pinailleurs ont décidé que les friands servis à la maternelle doivent peser entre 55 et 70 gramme, contre 90 au collège et au lycées, qu’on doit servir une seule chipolata de 50 grammes à la maternelle mais 2 ou 3 au collège etc… etc… etc...
Pour le sport : quand une fédération sportive change une règle du jeu, les maires n’ont qu’une solution : obéir. Ainsi au basket, le tir à 3 points ne sera plus compté à partir de 6m25 du panier mais de 6m75. Chaque commune doit donc redessiner la ligne du tir à 3 points. Le maire de Sceaux enrage : la modification lui coûtera 60 000 €.
Source : Le Point
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